En lisant La terre, je me suis revue enfant dans la modeste ferme de mes grands-parents, j’ai revu le patriarche entouré du clan, la famille, unie et désunie le temps d’un repas, je me suis souvenue des coups de gueule, des rires, des jeux de cartes et du son joyeux et triste de l’accordéon de mon grand-père. Dès mon plus jeune âge, j’ai senti toute la générosité et l’âpreté de ce monde. C’est cette ambivalence de sentiments que j’ai ressentie en lisant la Terre, j’ai ri et j’ai été effrayée par ces héros capables de tout le mal et de tout le bien. C’est la force de Zola qui est à l’œuvre, ce plaisir double, d’un style qui frappe et caresse.
C’est à travers l’intimité du clan familial que je veux célébrer la terre et faire entendre la voix des paysans en pleine crise agricole.
Je révèlerai l’amour des paysans pour leur terre et leur désir d’indépendance, la rudesse de l’environnement qui pèse sur eux, l’entraide et le plaisir des banquets qui les lient, les guerres intestines qui les séparent et je montrerai la démission des politiques face au milieu rural quand le libre-échange entraine leur perte.